Cartier Bresson

Jusqu’au 22 août 2021, la Bibliothèque nationale de France (BNF) propose l’exposition Le Grand jeu, autour du célèbre photographe français, Henri Cartier-Bresson. Pour l’occasion, cinq commissaires d’expositions ont été invités: Sylvie Aubenas, conservatrice générale des bibliothèques, Wim Wenders, réalisateur photographe et auteur, Javier Cercas, écrivain, Annie Leibovitz, photographe, et François Pinault, homme d’affaires et collectionneur.

 

Un jeu au coeur de l’exposition

Pour cet événement, c’est un concept très particulier autour du Grand jeu d’Henri Cartier-Bresson qui a été imaginé.
Dans les années 70, L’oeil du siècle, comme il est surnommé, est invité à sélectionner 385 photographies de son œuvre. Toutes développées au même format, en exactement six exemplaires, elles constituent la Master Collection, aussi appelée le Grand jeu. Ces six jeux complets appartiennent désormais à la collection Menil à Houston, la BNF, le Victoria & Albert Museum, l’Université des Arts à Osaka et la Fondation Henri Cartier-Bresson. Le dernier jeu a récemment été acquis par la Collection Pinault.

Pour l’exposition de la BNF, les cinq commissaires ont été invités à choisir, sans concertation, 50 photographies tirées de ce Grand jeu. Ce sont alors cinq angles de vue différents que l’on découvre. On retrouve certaines œuvres du photographe dans plusieurs sélections, à l’image du célèbre portrait d’Albert Camus, choisi par Javier Cercas et Wim Wenders.

Un secret bien gardé

Le Grand jeu, cette sélection de 385 œuvres par Henri Cartier-Bresson, est entourée de mystère. Pourquoi ces choix? Comment le photographe a-t-il été guidé? Quel secret s’y cache?

L’exposition tente de percer ce mystère, tout en le gardant entier. Elle donne la voix à cinq connaisseurs, cinq personnages aux parcours de vie bien différents. Cinq personnes qui, au travers de leurs choix tentent d’analyser la vision du fameux photographe. Pourtant, ces sélections sont autant d’indices quant aux humeurs, intérêts et personnalités des cinq protagonistes.

Alors que François Pinault s’intéresse aux Choses de la vie et à la marque du temps sur les visages, Javier Cercas choisit de nombreuses représentations de la misère humaine. Sylvie Aubenas, au contraire, sélectionne de nombreuses photographies représentant des enfants.

Une scénographie à l’image du concept

Toujours dans l’esprit de l’exposition, les cinq commissaires invités ont dû imaginer leur propre scénographie. Sans concertation, ils ont ainsi pensé leur façon de présenter les œuvres du photographe Henri Cartier-Bresson.
L’espace est ainsi scindé en six parties. Un sas d’entrée permet de découvrir les 385 photographies du Grand jeu d’Henri Cartier-Bresson. Cet espace, atrium méditerranéen, permet d’entrer dans les cinq pièces pensées par les commissaires invités.

Ainsi, Wim Wenders choisit de plonger le visiteur dans le noir absolu alors que Sylvie Aubenas préfère des murs roses pâles et des cadres en bois clairs. Les commissaires offrent ainsi leur vision singulière de l’œuvre du photographe Henri Cartier-Bresson, et ce jusqu’à la disposition des cadres dans leur espace.

“La scénographie, l’encadrement, la couleur des cimaises, tous ces éléments de l’exposition ont été laissés à la discrétion totale de chacun. Ainsi, chaque espace est une exposition en tant que telle et indépendante des autres. Les cinq commissaires livrent, en toute liberté, leur histoire, leur sentiment et la place que ces images ont pu prendre au sein de leur travail et de leur vie. Chacun de ces accrochages transporte dans un champ particulier de l’univers du photographe et de son commissaire le temps d’une exposition”, souligne la BNF.

Au delà de la vision du photographe, ce sont les sentiments profonds des cinq commissaires qui sont au cœur du Grand jeu. Le visiteur, poussé à visiter librement les espaces de l’exposition, se retrouve à rêver à sa scénographie rêvée et aux choix qu’il aurait envisagés.